Emile nous a quitté pour un autre monde : souvenirs...

Publié le par Joie et santé Agneaux

C'était en décembre 2019. J'avais rencontré Emile et Renée, chez eux, à Agneaux. Un couple attachant avec une vie pleine d'embûches. Emile nous a quittés dimanche pour retrouver ailleurs des personnes qui lui sont chères. Il avait 91 ans. Son inhumation aura lieu vendredi 1er septembre en l'église d'Agneaux, à 15h. Souvenirs d'une rencontre que je n'oublierai jamais.

Ils totalisent 173 années de vie à eux deux. Ils ont traversé les années en faisant fi des aléas de la vie, qui ne les ont pourtant pas épargnés. Émile et Renée Garnier défient le temps et lui font un pied de nez.

Lorsqu’on les rencontre pour la première fois, leur discrétion et leur simplicité invitent à engager la conversation. Pour en savoir plus sur ce couple à qui, avec l’âge avançant, on aurait envie de ressembler. Émile et Renée Garnier pourraient être comme beaucoup de gens que l’on croise dans la rue, invisibles. Mais non !

L’histoire de leur vie ressemble à un roman. Un roman avec plusieurs chapitres : les uns heureux, les autres plus tristes. Mais leur envie de croquer la vie a été la plus forte et leur a permis de survivre, presque dans la clandestinité, mais toujours avec la main tendue vers les autres.

LES ALÈAS DE LA VIE

 C’est dans le Sud-Manche qu’ils ont vu le jour : Émile à Saint-Quentin-sur-le-Homme ; Renée, à Saint-Laurent-de-Terregatte. Non loin l’un de l’autre.

L’un a perdu son père très jeune : les contrecoups de la guerre; l’autre a dû mettre la main à la pâte pour aider un père victime d’un accident du travail. Le quotidien d’une génération qui devait avant tout aider « la » famille. Une jeunesse qui forge le caractère et donne envie d’aller plus loin. « Mais le fait d’être toujours ensemble à l’âge que l’on a, soupire Renée, c’est le plus beau cadeau que la vie nous ai fait. »

Un fils et une petite-fille disparus trop jeunes leur ont fait relativiser les choses. Et apprécier encore plus des petits moments qui pourraient paraître anodins. « Il faut bien survivre…, sourit Émile. Mais on a failli s’écrouler. »

Des envies de devenir menuisier pour Émile et couturière pour Renée les ont incités à quitter le domicile familial pour construire leur vie. Une vie manchoise, parisienne à Enghien et un retour vers les terres normandes. Mais toujours avec l’envie d’avancer. « J’ai connu toute l’évolution de la téléphonie et les premiers centres automatiques, raconte Émile. Le mauvais entretien des lignes que je vois sur les routes maintenant me choque un peu. Nous, nous étions au service des clients ! »  « Je serai bien resté dans la région parisienne, reconnaît Émile. Mais Renée voulait revenir par ici. »

DES YEUX PLEINS DE TENDRESSE

 Une question qui démange : Comment fais-tu Émile pour avoir la vitalité que tu as ? « Il mange bien… », s’empresse de répondre Renée, tout sourire. « Mais j’élimine beaucoup, renchérit Émile. Je fais du sport, de la marche, de la gym »… et de la danse. De la danse de salon, leur passion commune. Leur préférence : « Les thés dansants à Villedieu. Mais là, avec la chute de Renée et le décès d’une amie, nous avons dû réduire une pratique de plus de trente ans. »

Étonnant ce couple qui n’arrête pas de surprendre et pour qui l’âge n’est pas un obstacle. « Un peu quand même…, soupire Émile. Avant, nous faisions des randonnées de plus de 20 km. Maintenant, ça devient difficile, je commence à lâcher prise. Il faut l’accepter. »

« Je le laisse aller à la gym tout seul, je le pousse même pour qu’il y aille. Il ne veut pas me laisser seule à la maison…, s’empresse de préciser Renée. Moi je vais à la gym équilibre. Pour l’instant, les randonnées sont trop longues pour moi après ma chute. »

Pas question de rendre les armes, de s’avouer trop âgés. Non, c’est cette volonté qui, tout au long de leur vie, leur a permis de retrouver le soleil. « C’est convivial Joie et Santé, apprécie Émile. C’est sympa, ça permet de rencontrer des gens. »

Philippe Laisné

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article