Que de bitume en ces temps boueux !
La lenteur de la marche, sa régularité, allongent considérablement la journée. Et en ne faisant que mettre un pied devant l'autre, vous aurez étiré démesurément les heures. De sorte qu'on vit plus longtemps en marchant, au sens où dans la marche, le temps ralentit, il prend une respiration plus ample.
Prendre son temps, est une subversion du quotidien. Anachronique dans un monde privilégiant la vitesse. La marche est un acte de résistance célébrant la lenteur, la disponibilité, le silence, la curiosité, l’inutile : autant de valeurs opposées aux sensibilités néolibérales qui conditionnent nos vies. Le marcheur est celui qui prend son temps et ne laisse pas le temps le prendre.
La marche ramène le regard à une juste dimension, apprend à gouverner le temps. Le marcheur est un roi. Un roi qui souffre d’être à contrecourant mais qui a choisi, pour aller mieux, les grands espaces plutôt que le divan des rebouteux.
L'arrêt, l'immobilité retrouvée, la tension physique de l'effort soudainement relâchée : c'est une sensation merveilleuse, celle de l'arc débandé. Il vaut la peine de marcher, rien que pour le plaisir de pouvoir s'arrêter.
Je sais vous allez dire : "Il a encore fumé la moquette !" Et oui, mais que c'est bon de fumer la moquette... Et puis, ce n'est pas moi, c'est ma tête.
Ca y est : les marcheurs nordiques ont fait prendre l'air à leurs bâtons. L'air de rien mais l'air quand même. La semaine prochaine, mardi 6 février, le rendez-vous est fixé rue de l'Yser, à côté du collège Lavalley.